Ce soir nous découvrons un lieu plein de charme dans le quartier le plus touristique de Buenos-Aires, au sous-sol d’une galerie marchande, la galerie Güemes au 165 de la rue Florida. Piazzolla Tango est avant tout un lieu destiné aux shows pour les touristes de passage dans la ville ou pour les manifestations de prestige. On y trouve deux espaces distincts, une salle de théâtre et un café. Nous ne découvrirons que le café avec ses vitraux et son plafond peint.
La salle est de petite taille, les couleurs dominantes sont des rouges, le lieu est plutôt intimiste et accueillant. L’espace central pour danser est un damier blanc et noir qui fait écho au plafond ci-dessus. Les dorures sont présentes et l’ensemble est très bien entretenu.
C’est le Tango Secrets Festival qui nous amène en ce lieu. Il consiste en une semaine de cours de tango avec des danseurs de premier ordre et des soirées milongas-shows quotidiennes, chaque soir dans un lieu différent où se pratique ordinairement le tango.
L’emblème du Tango Secrets Festival est une clé, l’objectif étant de vous ouvrir les portes du tango et d’en partager tous les secrets des meilleurs spécialistes. Le concept est très bien pensé, très bien utilisé tout au long du festival pour décorer soigneusement et avec allure chacun des lieux retenus pour les soirées.
Lors de notre passage en caisse, l’on nous indique qu’un tirage au sort sera effectué pendant la soirée, un usage très répandu dans les milongas, et l’on nous demande de prendre chacun une petite clé enrubannée dans une pochette… Les numéros des clefs que nous avons obtenues sont notées dans un registre et l’on nous rappelle de bien les conserver à portée de main. Nous descendons au sous-sol.
Le directeur et instigateur de ce festival de grande classe est Fernando Gracia, un danseur confirmé aussi à l’aise dans le tango argentin que dans la danse contemporaine. Il est accompagné dans sa démarche par Sol Cerquides, sa partenaire. L’un et l’autre ne sont pas encore trentenaires.
A notre arrivée, si la clé symbole du festival se meut harmonieusement sur un écran, la salle est loin d’avoir fait le plein. Notez que nous arrivons à minuit et demi; il faut ici savoir patienter avant de profiter. François commande deux eaux minérales gazeuses cependant que je fais le tour des lieux avec l’appareil photo.
Sur les murs s’affichent des éléments de texte relatant la vie et l’oeuvre de Piazzolla, dont son contact parisien avec la pianiste Nadia Boulanger qui l’encouragea à suivre sa propre voie dans le tango.
On attend longuement que le lieu s’échauffe un peu (il n’y a pas de chauffage), en dépit de la piste qui nous tend les bras et de la programmation sonore de qualité. Le lieu se remplit tout doucement, très doucement et personne ne danse avant deux heures du matin.
Les démonstrations sont annoncées, avec des surprises.
En effet, Fernando Gracia (ci-dessus avec Sol) ne danse pas avec sa partenaire habituelle. Il ne danse pas non plus tiré à quatre épingles comme à l’accoutumée, et sa partenaire n’a pas de chaussures à talons. Pis encore : ses pieds sont nus, elle n’est vêtue que d’un string et d’un soutien-gorge noirs à peine dissimulés sous une chemise ouverte et transparente. Quant à Fernando, il a un polo rayé sans manches et un ample pantalon de coton de couleur claire. Il est également pieds nus. La danse contemporaine revisite le tango.
On aime, ou on aime pas. Découvrez!
Puis le show continue avec la surprise suivante, le show des danseurs maison, c’est à dire des professionnels qui se produisent régulièrement en ce lieu pour le plus grand plaisir des touristes. Du très grand art avec une importante prise de risque. Regardez !
Après le passage d’un autre couple encore, place au tirage au sort par clefs, … je gagne la paire de chaussures sous l’appellation de Clara 0, le nom que j’utilise ici à Buenos-Aires pour réserver une table dans les milongas. C’est plus facile que d’épeler son nom. Il est 03h30 du matin ..
Fin des surprises, la piste est enfin à la merci des danseurs. Nous nous régalons, la musique comme la sono sont extras. Et il y a de la place sur la petite piste pour tout le monde.
Après une petite heure de danse, retour au réel. Il pleut. Mais il fait doux. Nous sommes sous un abribus, et notre colectivo (bus) est là en moins de 5 minutes. Nous sommes trois à monter. Deux personnes déjà bien calées dans leurs sièges semblent dormir.
L’après milonga, c’est le charme du colectivo. Il roule toute la nuit. Nous refusons de prendre des taxis.